Patient Zéro
Vous vous demandez sûrement pourquoi je suis comme ça. Mais la réponse est tellement simple ! J'AI-UN-CLIENT ! Un client ! Un vrai de vrai, qui vient de la capitale ! C'est tellement jouissif de voir des personnes qui font des heures et des heures de route juste pour venir te voir... Mais il faut que je me calme, je ne peux pas l'accueillir alors que je suis autant remontée, et surtout toujours en pyjama. J'attrape la tenue de vétérinaire poussée négligemment sur le dossier d'une chaise. J'ai dû mal à passer le pantalon. Je saute sur place, essaye de me retenir au porte manteaux, et tombe dans un bruit assourdissant avec lui.
- Qu'est-ce que tu fais, Chrys ?
La voix vient de l'étage inférieur, sûrement de la cuisine. J'arrive maladroitement à me mettre sur mes coudes.
- R-rien maman ! Je...je me dépêche ! Je baisse la voix et pose mon front contre le porte manteau, toujours bloqué sous moi. Quel début de journée chaotique...
- Tu as dit quelque chose, ma chérie ?
- Mais maman ! Laisse moi m'habiller tranquillement !
Ma mère adore utiliser son pouvoir à tort et à travers, à croire qu'elle était espionne dans une autre vie. J'arrive à m'extirper du cadavre de ce pauvre monsieur manteau, et je lui promet de vite revenir pour l'autopsier. Descendant quatre à quatre les marches de ma maison, je ne suis pas surprise de voir ma mère dans la cuisine, en train de faire cuire des œufs.
- Bonjour ma chérie ! Bien dormi ?
- Je n'ai pas fermé l’œil de la nuit ! Mon premier client doit arriver d'ici une heure. A l'imaginer en train de venir me voir moi....je suis tellement impatiente !
Ma mère rigole doucement, et se re-concentre sur le petit déjeuner. N'allez pas croire que je n'ai jamais eu de client ! J'en ai des tas, même. Mais c'est le tout premier qui vient de la capitale. Je ne suis jamais allée, c'est tout un monde à découvrir. Ici, nous vivons pour les animaux, la nature et la science. Nous n'avons pas de super star. Mais là bas...juste le fait que la famille royale y réside....waouh.
- Tu devrais manger, Chrystielle. Il te reste encore beaucoup de chose à mettre en place avant d'ouvrir le centre. As-tu besoin de mon aide, aujourd'hui ?
- Non, ça devrait être bon ! Je prend une grosse bougée de pain Il ne devrait pas y avoir grand monde de toute façon.
Revoyons la liste des choses à faire pour l'ouverture. Nourrir les animaux : check. Nettoyer les tables d'examen : check. Préparer le questionnaire d'adoption : check. Faire l'inventaire : check. Retourner le panneau "fermé" en "bienvenue c'est ouvert" : check. Et bien voilà ! Tout est fin prêt pour accueillir le premier patient. Qui ne devrait pas tarder à arriver. Bientôt bientôt. Dans quelques secondes....on attend...on attend toujours...encore et encore. Bon. Ne restons pas devant la porte, il faut s'occuper les mains. Du nerf, Chrys ! Il va venir, c'est sûr. Il ne peut pas te poser de lapin...allez, on y croit
Laissant la porte ouverte pour aérer le centre, je pars derrière l'accueil pour remplir quelques papiers de suivis d'anciens patients. Même si ma tête ne dépasse pas du comptoir, il va quand même me voir, non ?
Le village perché, la dernière fois qu'il était venu, c'était pour escorter la reine, et malheureusement, il avait du faire face à une faune locale un peu agressive, ayant regretté l'absence de ses louves.
Mais aujourd'hui, il était bien avec les deux, ayant prit un rendez vous avec une vétérinaire du coin pour faire examiner Yio.
Elle ne semblait pas aller si mal que ça, mais l'officier considérait que ça ne lui ferait pas de mal. Ces familiers étaient devenu extrêmement proche avec lui et il ne se voyait pas les laisser vivre sans s'assurer que tout allait bien.
Le trajet avait été rapide grâce aux portails de téléportations et comme la dernière fois, il arriva bien rapidement en haut de ces arbres vertigineux, découvrant un portail au sein même du tronc de l'arbre. Une senteur puissante de sève et de bois envahit ses narines, et Yio se mit à renifler partout curieuse de ces senteurs qu'elle ne connaissait aucunement.
Cela fit sourire l'officier qui lui caressa le haut du crane de l'animal, ce qui lui valut un jappement de joie qui fit sursauter quelques personnes.
-Ah Yio, tu sais bien que tu fais peur aux gens...
Dit il avec un semi sourire, l'animal comprenant son maître sans même qu'il ai besoin de parler, baissant les oreilles et la queue
-Allons c'est pas grave, on est la pour toi aujourd'hui en plus, tu sera gentille avec Madame Keyser d'accord ?
Un petit hochement de tête lui fut répondu, et le binôme se remit en marche, sortant du tronc pour gagner les planches à plusieurs mètres de hauteur.
Arthorias n'aimait pas vraiment être aussi haut, mais son attention fut bien vite tourné vers l'état de santé potentiel d'Yio. Pour sûr, tout allait bien, mais présentement...
Enfin inutile de s'en faire.
Arrivé devant l'officine en question, il frappa plusieurs fois à la porte avant d'entrer, découvrant un petit bureau ou il était pour l'instant seul
-Madame Keyser ? C'est Arthorias, pour le rendez vous concernant un warg ?
Lança t-il dans la pièce, vide, le loup géant s'asseyant sagement à côté de lui alors qu'il attendait une réponse
Patient Zéro
"- Madame Keyser ? C'est Arthorias, pour le rendez vous concernant un warg ?"
Et bien oui, je suis là, mon brave ! Ne me voit-il pas d'aussi prêt ? Ah oui, c'est vrai que j'ai cette faculté de passer inaperçu... alors avant de lui répondre, révisons la suite des évènements :
[i] Bonjour monsieur Arthorias, je suis le docteur Chrystielle Keyser, mais vous pouvez m'appeler docteur K. Veuillez me suivre, nous allons dans la salle de soin." C'était simple, comme phrase, pas besoin de faire plus compliqué. Alors maintenant, on se concentre, on recul un peu du monsieur pour pas qu'il fasse une crise quand je vais apparaître, et on ar-ti-cu-le !
- B-bonjour Chrystielle Keyser, j-je suis le docteur Arthorias...
Très très mauvais début de phrase, ma grande. Allez ! Motivons-nous pour ne pas rater la suite. Secouant la tête, je le regarde brièvement dans les yeux. Ah bah oui, c'est bon, il m'a vu ! Il est même surpris de me voir aussi prêt. Son warg lui -- Hoooooo, et quel magnifique warg noir des montagnes ! -- m'avait senti des leur arrivé. Les animaux sont tellement supérieurs aux humains.
- Pardon...je...passe assez inaperçu..ça-ça va aller ?
J'ai toujours fait sursauter les gens. Au début, ça me faisait sursauter aussi, j'étais surprise de les voir surpris de me voir. Mais au fil du temps, j'ai compris que c'était à cause de mon pouvoir, et que j'allais devoir le supporter jsuqu'à la fin de ma vie...Mais heureusement pour moi, les animaux sentent ma présence ! Leur ouïe et leur vue sont tellement plus développé que les nôtres...
- O-on va dans la salle des...heu...soins ? P-pour votre animal, hein ! Vous, vous avez l'air tout à fait en forme...P-pas que je vous regarde plus que ça ! Loin de moi cette idée plus que bizarre. N-non je veux pas dire que vous, vous êtes bizarre...je...heu....suivez-moi.
En plus d'être timide comme ce n'est pas possible avec de nouvelle tête, il fallait que je suis en plus maladroite. Rouge comme une pivoine, je lui demande de me suivre. Tant qu'il ne me perd pas du regard, il ne devrait plus être surpris par ma présence. J'avançais donc à son rythme, pour pas qu'une porte ou qu'une intersection vienne remettre mon pouvoir en marche.
Arrivé dans la salle des soins, je remercie intérieurement maman de l'avoir faite aussi grande. J'ai toute la place pour pouvoir regarder le warg sous toute ses coutures, une fois la table en bois mise sur le côté. J'essaye de reprendre mon professionnalisme. Si le premier client de la capitale n'est pas content de la visite, personne ne viendra ici. Je sais que le bouche-à-oreille fonctionne bien la bas. Donc plus de gaffe, promis !
- Vous pouvez m'aider à déplacer la table au fond de la pièce ? En attendant, expliquer moi ce qui ne va pas avec cette magnifique créature.
L'animal était plus grand que moi, d'une bonne trentaine de centimètre. Ma Lucy, faites que le lien avec son maître soit fort, et qu'il ne me mange pas toute crue.
Docteur Arthorias ? cela lui tira un petit rire, qu'il tenta malgré tout d'étouffer ne tenant pas à vexer la jeune femme.
Le médecin semblait bien nerveuse... C'était l'armure ? Ou l'animal géant à ses côtés ? Quoi qu'il en soit, il fit comme il lui était demandé, suivant la jeune femme dans la fameuse sale de soin, Yio sur ses talons.
Observant la fameuse pièce en question, il avisa de la fameuse table à déplacer, la soulevant sans trop d'effort tout en expliquant le problème.... ou plutôt l'absence de problème.
-Oh tout va bien docteur Keyser, Yio semble aller pour le mieux, elle mange bien, se dépense tout autant, et je n'ai absolument pas à me plaindre de son comportement.
En fait, je viens vous voir pour faire une petite visite de contrôle.
Déposant la table à cet endroit, il pointa le meuble en question du bout du doigt, et le loup géant sauta dessus sans effort ni hésitation, ce dernier sachant pertinemment ce qui pouvait l'attendre.
Elle s'allongea même, ses grands yeux rivés sur le docteur.
-J'avoue ne pas connaitre grand chose en warg, je l'ai trouvée dans une cage, capturée par des braconniers et assez mal en point.
Elle à été soignée assez sommairement, et j'ai toujours un peu peur d'avoir fait ça assez rustiquement. Je sais recoudre un humain, mais un animal... j'avoue que leurs anatomie m'est bien étrangère.
Et là était le soucis, il ne savait rien sur cette espèce, et se voyait plus que difficilement lui dire quoi que ce soit d'anormal.
Peut être avait-elle une référence sur un livre qui lui permettrait de détecter le moindre soucis ?
Cela aurait été inespéré, et providentiel.
Yuna était encore un peu trop caractérielle pour qu'elle l'emmène chez un spécialiste et si Yio était impressionnante par sa taille, le warg blanc commençait à être lui aussi bien plus imposant.
-J'aimerai donc si possible que vous contrôliez Yio, voir si sa cicatrice est propre et si elle a besoin de soin quelconque
Se tournant vers la louve il leva un doigt
-Et Yio, tu obéis au médecin d'accord ?
Bon en théorie, elle le savait déjà, le lien télépathique qu'ils partageaient tout les deux avait largement suffit pour lui faire comprendre. Mais au vu du warg, mieux valait rassurer le médecin
Patient Zéro
Cette magnifique créature s'appelle donc Yio ? C'est tellement beau ! J'aimerai bien lui demander d'où lui vient cette idée de prénom, mais ma nervosité grandissante et ma timidité maladive n'allaient pas m'aider dans cette tâche.
- J-je suis désolée...je n'ai pas forcément l'habitude de parler avec des inconnus.
Je n'ai surtout pas l'habitude d'avoir un warg dans mon centre, aussi. Même s'ils sont assez commun dans les montagnes, j'ai eu très peu de chance d'en voir dans le village. Il ne faut pas que je me laisse impressionnée par sa taille, ni par ce que je connais sur son espèce.
Tout en commençant à préparer le matériel pour mettre l'animal un peu dans les vapes, je répond aux questions de son maître le plus clair et le plus calmement possible.
- Les wargs sont connus pour avoir à peut près le même caractère qu'un loup. Il protège son territoire, ou tout ce qu'il considère comme lui appartenant.
Mes préparatifs pour l'examen sont prêts. J'ai trois piqûres de calmant et plusieurs paires de gants. Je vais faire comme je fais d'habitude, pour des animaux de plus petite taille. Mais avant de commencer à le toucher il faut que je le calme.
- Votre animal est-il habitué aux piqûres ? Je vais devoir lui en faire une ou plusieurs, selon s'il est assez calme pour pouvoir être manipulé.
Selon sa réponse, j'aurai besoin de son aide.
Après l'avoir piqué, il faut attendre, le temps que la substance fasse effet. C'est le moment de poser un peu plus de question sur ces fameux points de coutures.
- Vous l'avez recoud à quel endroit ? Il va falloir que je vérifie si cela guéri bien et si aucune infectio n'est présente.
Une infection sous la peau est la pire chose qu'on peut avoir après des points de suture. Des maladies se multiplient sous la peau, et infecte tout l'animal en l'espace de quelques semaines, voire de quelques jours.
- Je vous explique ce que je vais faire. Une fois que votre warg sera assoupis, voire endormi dans le meilleure des cas, j'examinerai petit à petit son corps, en commençant par la tête. Je vais chercher tout ce qui peut gêner dans son quotidien : nez bougé, dents et oreilles sales, des boules au niveau du cou ou sur le ventre, l'état de ses pattes et de son pelage, ainsi que sa température.
Pendant que je parlais, l'animal s'assoupit enfin. Hourra ! J'entendais même un mignon petit ronflement. Je met des gants, vérifie qu'il soit bel et bien endormi, et commence mon examen. Je commence par examiner sa gueule.
- Est-ce que votre warg a déjà eu des maladies, des problèmes à marcher ou à courir ? Si vous êtes aventurier, a-t-il été blessé ?
Oui, je lui pose beaucoup de questions, mais je me dois de tout connaître sur l'animal pour pouvoir donner une conclusion précise.
Hum... Un warg similaire à un loup ? Effectivement, il en partageait bien des caractéristiques, et l'officier avait souvent pensé qu'il n'était en somme qu'un loup bien plus gros.
C'était au moins ça à prendre, la documentation sur les loups serait bien plus facile à trouver, surtout dans les archives royales qui regroupaient un tas de manuel en tout genre.
-C'est bon à prendre, ce qui explique pourquoi elle est si protectrice
Il ne savait pas si elle le considérait comme sa propriété, mais comme son maître, ça, c'était une chose sure. Très protectrice, elle n'hésitait jamais à se mettre entre Arthorias et n'importe qui d'un peu trop menaçant.
Et autant dire qu'un loup géant avait tendance à faire peur aux gens.
-Non, elle n'en a jamais eu depuis que je l'ai, mais je vais lui expliquer, elle ne sera pas contre si je le lui ordonne.
Et en effet, il ne fut pas bien difficile de la convaincre. La télépathie était une chose merveilleuse, même si les idées restaient abstraites.
La douleur pour le bien... voilà qui avait résumé cet ordre muet, que la louve avait accepté sans rechigné, s'assoupissant doucement avant de s'étaler sur la table, aidé par Arthorias qui la fit se déposer délicatement.
Avant de se placer à côté du médecin, soulevant une partie de la fourrure de l'animal.
-Ici, au niveau du "ventre", je pense qu'un braconnier l'à blessé alors qu'elle tentait de mordre les barreaux de sa cage, surement un coup de lance.
J'ai fait comme j'ai pus...
Enfin... difficile de décrire la situation telle qu'elle avait été, la neige, les cris... l'animal perdant son sang, et l'officier qui faisait tout pour coordonner tout en même temps.
Malgré cela... elle avait survécu. Signe qu'elle était soit très endurante, soit que son travail n'était pas si mauvais.
-Faites tout ce qu'il faudra, peut importe le temps que ça prendra, je le lui dois bien.
Je pense que son précédent propriétaire la traitait bien, mais on n'est jamais à l'abri de surprises en tout genre.
En fait, si vous pouviez faire le diagnostic le plus complet possible, ça m'arrangerait.
Et devant sa question il resta un peu perplexe, Yio ne lui avait pas toujours appartenu, ainsi... il ne pouvait répondre qu'à la partie le concernant
-Pas depuis qu'elle est avec moi, je lui donne à manger tout les jours normalement, et je n'ai rien remarqué d'anormal, elle court comme d'habitude, pareil pour la marche.
Quand à d'éventuelle blessures, pas avec moi, nous n'avons rencontré que peu de situation nécessitant son concours.
La simple présence du warg noir suffisait à dissuader les gens de faire quoi que ce soit. Et un grognement largement plus que nécessaire pour les faire fuir
-Enfin, s'il y a le moindre soucis, n'hésitez pas !
Patient Zéro
Je prenais des notes au-fur-et-à-mesure qu'il m'expliquer la vie de son animal. Pas de difficulté à marcher, courir. Pas de blessure depuis son adoption. Écrivant sur la table d'examen, là où le warg dormait, je pouvais aisément voir s'il avait des difficultés respiratoires. Non, aucun, le rythme est bon, ça se soulève sans difficulté apparentes. Finissant le rapport en accentuant le point final, je déplaçais tout sur le plan de travail dernière moi, pour me laisser le plus de place possible pour l'examen.
- Je vais donc commencer par la tête et descendre petit à petit. Vous pouvez rester avec moi, si vous voulez ! Je pourrais vous donner des conseils pour son entretient quotidien.
Je lui souris, lui montrant que cela ne me dérange pas du tout ! C'était même le contraire : plus il y a de maîtres et de maîtresses aptes à soigner les petits bobos, moins les animaux souffrent. Je m'approche donc d'Yio, vérifiant une énième fois que l'animal était bien endormie, et qu'ouvrir sa bouche n'allait pas dire qu'elle allait me manger toute crue. Ces canines sont tellement longues ! Elles font presque la taille de mon index, dis donc ! Je dois passer mon doigt dessus pour savoir si elles sont rugueuses ou non.
- Ces dents sont un peu sales, mais ça ne pose pas plus de problème que cela. Même si ça peut paraître bizarre, il faut qu'elle mange un peu d'herbe. Pas souvent ! Une par fois semaine devrait suffire. Ça lui permettra d'enlever les morceaux de nourriture coinçaient entre ses dents, de favoriser sa digestion et en plus, ça lui fera une haleine plus fraîche !
Je continue donc ma petite visite du corps d'Yio le warg. Je passe aux oreilles. Et elles sont nickel ! Un peu de saleté, mais qui diable suis-je pour réprimander ça ? Pour nettoyer les oreilles des animaux, rien de plus simple ! Il suffit de prendre une compression et de l’imbiber d'un liquide propre, puis de frotter délicatement l'intérieur, sans aller trop loin. Je le fais pour la première oreille, et propose au maître de faire la suivante. Celui-ci s'approche et commence son travail. Je suis tellement prise dans l'explication de la chose que je ne me vois pas me coller progressivement à lui. Je tend le doigt pour lui montrer comment faire.
- Allez un peu plus sur la gauche, sans trop appuyer.
Et puis, nos deux têtes se tournèrent l'une vers l'autre, nos lèvres qu'à quelques centimètres. Prise d'une panique extrême, je m'éloigne de lui dans un bond qui ferait pâlir toutes les grenouilles de la forêt. Mes joues sont cramoisies, et je doit mettre mes mains devant mon visage pour essayer de ne pas perdre la face.
-EXCUSEZ MOI ! J-je ne voulais pas. C'était pa-pas du tout fa-fait exprès !
Oulalalalalalalalalalala !! Où est-ce que je vais pouvoir me cacher ?!
Des conseils ! Oh ça oui ! Il n'était pas très doué pour s'occuper des gens, alors les animaux ? Mieux valait un professionnel pour l'aider. Peut être Léodecarius aurait besoin de ses soins aussi ? Même si le Glooby chevalier semblait toujours en forme, imitant à la perfection son propriétaire en patrouillant sur son château en bois, son casque en fer blanc sur la tête et sa petite lance dans la main.
Concentré comme il l'était sur Yio, il dut chasser cette pensée de son esprit, le Glooby allait très bien. Et c'était bien le warg qui avait besoin de soins.
-De l'herbe pour un carnivore ? Elle ne va pas aimer ahahaha. Mais d'accord je ferais en sorte qu'elle le fasse, c'est l'avantage d'avoir un lien télépathique avec son familier, il est plus facile d'expliquer le pourquoi du comment à un animal, je plains ceux qui font sans.
Et sans ce lien, il aurait été difficile de convaincre la louve de se laisser piquer ainsi. Si elle avait confiance en Arthorias, il était tout de même difficile de se laisser faire du mal ainsi. Et il avait bien cru qu'elle refuserait en premier lieu.
Mais au vu du léger mouvement de ses pattes, la louve dormait profondément.
Finalement la situation évolua, jusqu'à ce que l'officier doive nettoyer les oreilles de l'animal.
Il s'y prit avec tellement d'attention qu'il ne remarqua tout d'abord pas la proximité avec le docteur, jusqu'à ce qu'un souffle ne le fisse se retourner et tomber quasi nez à nez avec le médecin qui partit en rougissant en s'excusant. Ce qui fit rire le soldat
-Allons, pas besoin de s'excuser, ce sont des choses qui arrivent, j'étais tellement concentré que je n'ai pas fait attention également.
Levant une main en signe d’apaisement, il tacha de se montrer rassurant, jetant la compresse sale dans la poubelle alors que le warg c'était finalement roulé sur le dos, ses pattes s'agitant fébrilement ce qui fit rire l'officier
-Elle doit rêver des montagnes je pense, elle le fait souvent la nuit
Dit il avec un demi sourire. Le lien qu'ils partageaient lui permettant parfois d'entrevoir les rêves de l'animal
Patient Zéro
Heureusement qu'Arthorias est quelqu'un de calme et de posé. Tout l'inverse moi ! Mes sentiments prennent trop le contrôle, trop souvent. Mes joues sont toujours autant rouge, mais j'arrive à articuler un désolée.
Parfois, je suis tellement prise par ce que je fais, que je ne me rend pas compte qu'il y a quelque chose qui cloche. Il va falloir que je fasse plus attention si je ne voulais pas qu'il y ai de plus en plus de moments gênants.
- O-on reprend...?
Je me remets au travail. Après la tête, je descend sur l'abdomen du warg. Avec tous ces poils, c'est assez compliqué de trouver la zone qui a été recousue. Je fais demi tour vers le plan de travail pour récupérer une paire de ciseaux, des lingettes, une serviette ainsi que de quoi rendre la possible future plaie la plus propre possible. Je prend également de quoi recoudre, au cas où il faut refaire le travail.
- Vous pouvez me montrer l'entaille ? Il faut que je vérifie si tout est assez propre pour une bonne cicatrisation.
Le garde me montre l'endroit approximatif. Prenant la paire de ciseaux, je commence la tâche, tout en expliquant du mieux que possible ce que je vais faire. Je prend des touffes de poils et les coupe grossièrement. Une fois le ménage fait de ce côté là, je prendrais une lame de rasoir pour mettre la peau à découvert.
- Pour vérifier si tout est bon, il faut que je nettoie toute la zone.
Les wargs ont tellement de poil...il m'a fallu plus d'une dizaine de minutes avant de voir un bout de peau. Délicatement, j'applique la lame de rasoir sur la peau et commence à enlever les petits poils récalcitrants.
- Ah oui, je vois où c'est ! C'est du bon travail, ça ! Même si ce n'est pas parfait, c'était suffisant pour tenir quelques temps. Il va falloir que je les refasse.
Mais pour les refaire, il me faut un assistant. Pendant que je recoud, l'assistant va devoir nettoyer la plaie au-furet-à-mesure, et éponger le sang si celui-là se met à couler. Je sors rapidement de la salle d'examen pour essayer de trouver ma mère, mais impossible de la voir.
- Maman, j'ai besoin de ton aide, là.
Aucune réponse...elle utilise son pouvoir quand elle le veut, hein... Retournant dans la salle, je réfléchis quelques minutes à comment m'en sortir. Je ne vois pas quarante-deux solutions. Sans assistant et sans mère à proximité, il allait falloir que je demande au maître de mettre la main à la patte.
- Je vais avoir besoin de votre aide. Pouvez-vous mettre une paire de gant ainsi qu'un masque ?
M'équipant également, je place les outils sur un petit chariot pour les avoir à proximité.
- Vous êtes prêt à commencer ?
Aider à soigner Yio ? Vraiment ? Il n'était pas vraiment spécialiste sur le coup, et eut un peu d'hésitation, avant de finir par accepter d'un hochement de tête.
Qu'est ce qu'il ne ferait pas pour son warg au juste ?
-Pas de soucis, laissez moi simplement de retirer une partie de mon barda.
Se reculant, il commença par enlever ses gantelets, tirant doucement sur les protections pour libérer ses mains de leurs carcan d'acier, les déposant délicatement sur une petite table avant d'actionner les loquets des canons d'avant bras. Les deux pièces d'acier magique quittèrent ses bras et vinrent trouver leurs places près des autres déjà présent.
Les bras libérés des pièces de métal, il se sentit un peu plus libre de ses mouvements, ce qui lui permit d'enfiler des gants plus adaptés.
-Hum... je vous préviens mademoiselle, je ne suis pas vraiment un spécialiste de ce genre de chose... je ferais au mieux mais...
Mais il ne soignait pas les gens, du moins, pas de façon poussée.Ses connaissances en médecines se résumaient à désinfecter les plaies plus ou moins profonde et à recoudre par dessus et prier pour que ça suffise, voir immobiliser un membre brisé.
Pour le reste, il nageait en eaux inconnues.
Gants sur les mains, et masque sur la tête, il s'approcha du médecin, ses grands yeux fixés sur elle en attendant quoi faire.
-Enfin, tant que vous pouvez aider Yio à aller mieux... je le ferais, j'espère juste qu'elle n'aura pas de complications.
Pas que vous soyez mauvaise, ou que je n'ai pas confiance, loin de là, enfin... c'est mon familier, j'y tiens beaucoup. Pas que vous ne l'avez pas compris je suis sur, mais, disons qu'elle ne me quitte que rarement.
Yio dormait toujours dans la même chambre que lui, et fort heureusement, ne craignait pas les bains, car l'officier avait en sainte horreur cette odeur de saleté qui semblait accompagner bien des animaux. Le warg était régulièrement passé au lavage, et sa fourrure était bien plus douce qu'on ne l'aurait attendu.
C'était un peu ses cheveux a elle non ? Et avoir un familier qui sentait la mort au sein du palais aurait donné une mauvaise image dans le palais. En fait, Yuna aurait bientôt le droit au même traitement, mais elle n'était pas encore prête
-Vous sauriez vous occuper d'un warg blanc également ?
Ils avaient une réputation encore plus mauvaise, et trouver un vétérinaire pour un tel animal relevait de l'exploit... Mais autant demander
Patient Zéro
Les inquiétudes du garde sont fondées. Je n'ai pas pour l'habitude -- pour ne pas dire jamais -- qu'un maître m'aide à soigner son animal. Mais maman a voulu faire sa rebelle et ne me répond pas, malgré son pouvoir d'ouïe fine. Et bien c'est comme ça, que voulez vous.
D'un sourire non forcé, je m'approche de lui et pose ma main sur la sienne.
- Ça va aller, Arthorias. Ne vous inquiétez donc pas autant. Ce n'est qu'une petite opération. Dans dix minutes, tout ça est terminé.
Préparant mon fils et mon aiguille, je commence à lui faire des blagues de papa pour qu'il se détente un peu. Son lien empathique n'est pas une bonne idée vu les circonstances. Même si grâce à lui on va pouvoir voir quand l'animal souffre, si c'est le maître qui est en pleine crise, bonjour la panique dans la tête du pauvre animal !
Doucement, je coupe le fils sur le ventre de l'animal. Déjà, bon point pour lui ! On ne se retrouve pas avec l'intérieur du warg sur la table. Je lui demande d'un peu éponger le temps que je fasse passer ce satané fils dans la tête de cette toute petite aiguille.
- Qu'importe l'animal ! J'aurai peur, oui. Très même ! Mais s'il faut qu'il soignait, et bien je le ferai avec plaisir !
Je pense déjà à tout ce que je pourrais apprendre sur lui. Bon, c'est un warg albinos en sommes. Mais il est tellement plus grand, ses crocs sont tellement plus longs, et il en impose tellement plus !
Je reporte mon attention sur ce que je vais, il serait malheureux de coudre un doigt de ce pauvre maître avec. Au bout de dix minutes, l'affaire fût réglé.
- Plus de peur que de mal, hein !
Une petite opération peut être... Mais c'était d'Yio qu'il était question, et l'officier ne pouvait s'empêcher de se poser la question, pourtant la plus simple du monde: "Et si ça ne se passait pas si bien que ça ?"
Et présentement, le lien télépathique entre l'animal et le maître était inactif, à cause de l'anesthésie, Arthorias ayant du couper le lien en sentant cette atrophie frôler la bordure de sa conscience.
Mais, serrant le poing, il prit une grande inspiration avant d'ajouter.
-Vous avez toute ma confiance docteur Keyser, je pense que sans vous, je ne pourrais même pas en faire la moitié, ne vous souciez donc pas de moi
C'était dit avec bienveillance, l'homme se mettant plus que volontiers en retrait pour le bien de son familier. Il dut serrer les dents en voyant la jeune femme commencer à découper son travail, voyant le sang couler doucement sur la table.
Fort heureusement, les blagues suffirent à le maintenir occupé, pour ne pas trop penser à tout ce qui pourrait mal se passer. Et Lucy seule sait tout ce que le blondinet pouvait imaginer, il avait vu suffisamment d'horreur et infligé pour savoir tout ce qui pouvait couler d'une plaie ouverte
Mais tout sembla bien se passer et sa question sur le warg blanc fut même plutôt bien accueillie.
-Dans ce cas, je vous amènerait surement un autre de mes familiers, mais je tiens à vous rassurer, si les wargs blancs ont une réputation plus que terrible, j'ai éduqué le miens suffisamment longtemps pour qu'il ne fasse strictement rien.
A vrai dire, je pense que ces animaux sont très méconnu, à regret.
Quoique... difficile de vouloir mieux connaitre un animal qui voulait vous tuer a la simple vue. Mais Yuna était bien plus calme et sa rage primale avait été mise sous contrôle, même si, effectivement, ce n'était pas un familier des plus courants.
Tout le monde ne pouvait pas se dire propriétaire d'un animal aussi dangereux. Il y avait une certaines hiérarchie à installer avec lui, et cela... se faisait par la force.
L'affaire réglée, le soldat eut un soupire de soulagement, voyant son amie ainsi remise sur pied
-Merci docteur ! Devrais-je appliquer des traitements particuliers pour éviter d'autres risques ? Dois je la mettre au repos quelques temps ?
Mieux valait être sur, poser des questions, aussi bêtes soient-elles pouvait éviter de se retrouver à débarquer en pleine nuit au cabinet avec une catastrophe sur les bras.
Passant une main bienveillante dans la fourrure de l'animal, il sourit légèrement
-Elle se réveillera dans combien de temps ?
Patient Zéro
Arthorias prend vraiment soin de ces familiers, et j'en suis contente ! combien de fois, lors d'un contrôle de routine, je me suis aperçue de problèmes graves que les maîtres n'ont même pas pris la peine de noter ? "Elle ne mange plus depuis 4 jours ? Ouais, elle fait un régime, quoi". Un régiment de 4 jours, sans boire ni manger ?! MAIS JE VAIS T'EN FAIRE DES RÉGIMES, MOI ! On sait tous qu'une bonne alimentation, c'est repas matin midi ET soir, que ce soit pour des animaux ou pour des humains.
- Je vais lui mettre un bandage et on va la laisser se réveiller tranquillement, d'accord ?
Habituellement, j'enferme la créature jusqu'à ce qu'elle soit de nouveau en pleine possession de ces moyens. Mais là...je n'ai pas de cage aussi grande et longue ! Donc on la laisse tranquille, et on va s'assoir sur les chaises, posées contre le mur un peu plus loin dans la pièce.
- Évitez juste les combats pendant deux semaines, le temps que tout cicatrice bien. C'est le seul problème que j'ai pu noter, le reste du corps est tout simplement faitpar...PARFAIT ! Par-pardon...
La petite warg devait être fatiguée, car c'est trente minutes après la fin de l'intervention qu'elle décide enfin de se réveiller. Encore un peu groggy, elle veut tout de même descendre de la table. Son maître et moi avons eu du mal, cette fois l'animal ne pouvait pas nous aider de sa puissance. Une fois au sol, elle essayait de marcher, mais ne faisait que se balancer de gauche à droite. C'était mignon de voir un animal aussi combattant et brutal d'origine, être aussi fragile après une petite piqûre.
- L'effet devrait complètement disparaître d'ici deux ou trois heures.
Pour la plupart des animaux, oui. Mais là...la madame a quand même mis plus du triple du temps nécessaire pour se réveiller !
Je les reconduis vers l'accueil de la clinique. La pièce commençait à bien se remplir. Deux ou trois clients m'attendaient assis, leur familier dans leur bras. Allez, le travail m'appelle !
- Si tout va bien pour vous, je vous laisse repartir....HO ! Avant que j'oublis !
Je me précipite de l'autre côté du comptoir, attrape une petite feuille et la tend à Arthorias.
-Est-ce qu-que...vous...vous pourri-rriez la donnez à des...des ge-gens ?
Est-ce que j'étais en train de demander à un client de la capitale de me faire de la pub ? Noooon ! Pas-Du-Tout ! Peut-être un peu, oui. Mais il y a tellement de familiers dans le besoin, à la Capitale ! Ça me fait souffrir de savoir que je suis trop loin pour m'en occuper...
Sur cette bonne idée de pub, je laisse le jeune maître et son warg partir, non sans attirer le regard à leur passage. J'allais les revoir, c'était sûr. Mais où ? Ici, à la Capitale ? Dans un autre lieu ? et avec qui ? Aaaaaah trop de questions qui ne servent à rien ! Allez Chrys ! Concentration, sourire, et au client suivant !
La laisser se reposer et éviter de la faire combattre... Très bien ! Cela ne devrait pas être trop compliqué, et l'officier éviterait simplement de la prendre avec lui quelques temps, le temps de laisser à la louve tout le soin de récupérer.
Il nota néanmoins le tout avec attention dans un petit carnet et avec la date pour ne pas l'oublier et surtout le noter dans son journal une fois de retour dans son bureau.
-Je vois, elle sera au repos pendant tout ce temps alors, et j'en profiterait pour prendre un nouveau coussin pour elle une fois de retour à la caserne, il serait dommage de ne pas lui accorder un peu de confort en plus.
Et pendant les minutes qui suivirent, ils aidèrent le pauvre familier à revenir à lui, le lien avec son maître revenant peu à peu jusqu'à ce que finalement, les pensées de la créature n’effleure les siennes. Elle était perdu, mais rassurée de voir son maître comme promis.
Mais Arthorias ne tenait pas à déranger plus que cela la vétérinaire et prit rapidement congé, portant son warg dans les bras, bien content d'avoir apporté un pendentif plume.
-Merci docteur, je reviendrais vous voir sous peu !
Il lui laissa une bourse bien remplie avant de se saisir de la feuille tendue et d'esquisser un sourire rassurant en la mettant dans sa sacoche
Vu qu'il était pleinement satisfait, il ne voyait pas de raison de refuser sa requête.
-Je l'afficherai personnellement au tableau d'ordre de la garde royale, je ne doute pas que quelques uns de mes hommes passeront vous voir.
Merci encore et portez vous bien !
Dit il avant de repartir vers le portail de téléportation, son warg encore un peu faible dans les bras. La route ne serait pas longue, mais mieux ne valait pas trop traîner